Dans la presse, sur le web...
Comment bien utiliser les huiles essentielles ?
Les conseils pratiques
Interview
parue sur le site Bioaddict
(8 novembre 2011, Propos recueillis par Caroline Chavigny)
Si
l'aromathérapie existe depuis des millénaires, l'utilisation
des huiles essentielles ne nous est pas forcément familière.
Ces huiles possèdent pourtant de remarquables propriétés
pour soigner des maladies bénignes et plus sérieuses.
Mais il faut les utiliser de façon correcte pour en obtenir
tous les bienfaits. Et choisir celles qui offrent une qualité
optimale.
Le docteur Jean-Claude Lapraz, spécialiste des plantes
médicinales et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet,
répond à nos questions sur les huiles essentielles
(HE) :.
- Qu'est ce que l'aromathérapie,
et est-elle une "médecine" scientifiquement validée
?
Les huiles essentielles étant d'origine naturelle sont-elles
pour autant sans risque pour la santé ?
Les huiles essentielles sont des substances chimiques naturelles
complexes, mais ce n'est pas pour autant que cette notion de "
naturel " leur donne une garantie d'innocuité. On
peut en effet observer l'apparition d'effets secondaires néfastes
avec des huiles essentielles modifiées, dans lesquelles,
par exemple, on a rajouté certains principes actifs (comme
du thymol).
Ces procédés artificiels, dits de "sauçage",
utilisés pour augmenter la quantité de l'huile essentielle
mise sur le marché, dans une visée purement financière,
en modifiant la structure et l'équilibre harmonieux des
divers principes qu'elle renferme, modifient en profondeur ses
qualités thérapeutiques, et lui font perdre ses
vraies potentialités.
Il faut donc toujours s'assurer, lorsqu'on utilise de tels produits,
que les huiles essentielles sont d'une origine botanique bien
définie, pures, d'extraction complète et dénuées
de tout ajout artificiel, et bien sûr indemnes de toute
pollution.
- Quel est l'intérêt de
ces huiles essentielles en termes de santé ?
Elles peuvent être utilisées soit seules, soit en
association avec d'autres traitements pour soigner des maladies
bénignes, comme d'autres plus sérieuses. Si pour
un traitement ponctuel de quelques jours, pour soigner un rhume,
par exemple, utiliser une huile essentielle classique ne fait
pas courir de risque important à celui qui l'ingère
ou qui l'applique sur sa peau - hormis dans les cas où
il présenterait une sensibilité spécifique
à celle-ci (allergique, par exemple) - l'utilisation au
long cours nécessite toujours un diagnostic clinique précis
(et qui se fait dans ce cas avec le suivi d'un médecin
ayant une expertise dans ce domaine). Car l'usage des huiles essentielles
doit répondre à des règles rigoureuses de
prescription, tout particulièrement quand on les absorbe
par voie orale sur des durées prolongées. Ceci implique
le respect de plusieurs critères incontournables : un diagnostic
précis de l'état du sujet à traiter, une
connaissance précise aussi des indications et des contre-indications
de l'huile essentielle, et la définition d'une stratégie
adaptée au patient, tant dans le choix que dans la durée
d'administration du produit sélectionné et le suivi
de ses effets. C'est pourquoi il faut alors bien connaître
l'équilibre du terrain du sujet, pour ne pas risquer d'induire
de nouvelles maladies en utilisant une huile essentielle qui ne
lui serait pas adaptée.
- Comment agissent les huiles essentielles
?
Ce sont des produits très concentrés et très
complexes, tant au niveau de leur structure que de leur composition.
Elles sont le fruit de l'élaboration de la vie qui se déroule
dans la plante, participent à son métabolisme et
à sa protection. Leurs modalités d'action sur l'homme
sont loin d'être complètement identifiées.
Elles agissent en profondeur, en modifiant l'activité de
certaines fonctions du corps humain, et permettent d'obtenir des
résultats souvent inespérés dans des maladies
infectieuses microbiennes ou virales, des maladies inflammatoires
tant intestinales que rhumatismales, et dans bien d'autres affections,
en particulier celles liées à des anomalies du fonctionnement
du système endocrinien, du fait des effets que certaines
d'entre elles sont à même de produire sur ce système.
- Est-il préférable de
les utiliser en les appliquant sur la peau en les inhalant ou
en les absorbant ?
D'une façon générale, il faut bien distinguer
leur action par voie externe de celle par voie interne. Par voie
externe, lorsqu'on applique directement l'huile essentielle sur
la zone à traiter, on peut obtenir très vite une
action, anti-infectieuse, par exemple, si elle est dotée
d'une telle propriété. L'effet peut être rapide
et très impressionnant. Ce qui explique que dans des infections
cutanées, ou dans celles respiratoires quand on inhale
une solution à base d'huiles essentielles, on puisse observer
des résultats importants, du fait du contact immédiat
entre le microbe et l'huile.
Par voie interne, il faut toujours diluer l'huile essentielle
dans un support (alcool, huile, teinture homéopathique,
teinture mère), du fait de leur concentration et de la
nécessité de recourir à des doses très
éloignées de leur dose toxique. En modifiant l'équilibre
de l'organisme, elles agissent par un mécanisme différent
de celui par voie externe.
Contrairement aux antibiotiques par exemple, qui agissent en
tuant directement les germes pathogènes, les huiles essentielles
absorbées oralement n'agissent pas directement sur les
germes. Pourtant, elles sont capables de les faire disparaître
de l'organe malade, car en changeant l'état de l'individu
(de son terrain) elles sont en mesure de modifier les conditions
écologiques favorables à leur développement
et ainsi de leur interdire la possibilité de survivre.